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Le transport routier face à une crise durable : vieillissement des effectifs et pénurie de chauffeurs

  • mdenuce
  • 10 juin
  • 3 min de lecture

Il n’est pas nouveau que le monde du transport routier est en perpétuelle pénurie des chauffeurs routiers, une crise majeure considérée comme à la fois structurelle et conjoncturelle. Ce constat repose en grande partie sur le vieillissement rapide des effectifs, couplé à un désintérêt des nouvelles générations. Cet effet met alors en péril la continuité de ce pilier dans l’économie mondiale. Selon les estimations de l’IRU (Union Internationale des Transports Routiers), près de 3,6 millions de postes de chauffeurs routiers sont aujourd’hui vacants dans le monde. Parmi ces chiffres, 460 000 sont en Europe seulement, et les projections sont loin d’être rassurantes. Dans à peine 5 ans,  3,4 millions de conducteurs devraient partir à la retraite.


En France comme ailleurs, la population des conducteurs routiers vieillit rapidement. L'âge moyen des chauffeurs, en 2017, atteignait déjà les 44 ans dans le compte propre (c’est-à-dire, le transport de marchandise possédée par l’entreprise-même pour ses propres besoins avec son matériel), contre 41 ans et 11 mois dans le compte d’autrui. On comptait un conducteur sur cinq ayant plus de 56 ans, dont 35% dépassent les 50 ans, donnant une part en hausse de 4 points en quatre ans. 


La situation reste préoccupante : plus de 50 % des conducteurs ont aujourd’hui plus de 55 ans dans certains pays européens, comme l’Espagne, l’Italie ou la Pologne. De plus, le vieillissement de la profession repose également sur un élément majeur : les plus jeunes. Ces derniers tardent à rejoindre le monde de la route, car la part des moins de 25 ans chute à 2 ou 3 % dans ces mêmes pays.


Malgré quelques légers progrès observés (par exemple, en France, la part des 18-30 ans est passée de 16 % à 17 % entre 2013 et 2017), cela reste insuffisant pour assurer un renouvellement de ces professions de manière durable. La distinction entre chauffeurs routiers et chauffeurs livreurs souligne d’ailleurs ce déséquilibre : les jeunes sont deux fois plus nombreux parmi les livreurs (21 %) que chez les routiers (10 %), un facteur notamment causé par l’âge minimum requis pour le permis poids lourd.


Dans le compte d’autrui (c’est-à-dire le transport avec un véhicule pour transporter de la marchandise possédée par des entreprises d’une autre groupe), le vieillissement est un peu moins marqué (26 % de conducteurs de plus de 50 ans en 2017). Or, cette part progresse elle aussi, avec une hausse de plus de 3 points en quatre ans. Globalement, les difficultés de recrutement touchent l’ensemble du secteur, qu’il s’agisse de transport interne à l’entreprise (compte propre) ou externalisé (compte d’autrui).


Malgré des efforts pour promouvoir la mixité, le secteur reste massivement masculin : seulement 9 % des conducteurs sont des femmes dans le compte propre, un peu plus dans le compte d’autrui. La quasi-totalité des conductrices occupent des postes de chauffeurs livreurs, avec quelques exceptions notables : les activités scientifiques, techniques et publicitaires comptent jusqu’à 33 % de conductrices en compte propre, tandis que dans les activités postales, elles sont majoritaires parmi les livreurs (51 %).


Peut-on trouver des solutions durables face à cette crise ?


Pour endiguer cette pénurie, plusieurs leviers sont à activer :

  • Améliorer les conditions de travail, en particulier sur les longues distances.

  • Communiquer davantage sur les opportunités du secteur, souvent méconnues.

  • Faciliter l’accès à la formation, notamment pour les jeunes et les publics en reconversion.

  • Favoriser l’inclusion, en rendant la profession plus attractive aux femmes et aux profils diversifiés.


Le métier de conducteur routier est un pilier de la chaîne logistique et du commerce mondial. Sans mesures fortes, la crise actuelle pourrait durablement fragiliser le secteur et entraver le développement économique.


Graphique : évolution de la pyramide des âges des conducteurs routiers de marchandises entre 2013 et 2017

Sources :

 
 
 

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