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Article 2-2025 | Le transport combiné rail-route : reprise, défis et perspectives à l’aune de 2030

  • mdenuce
  • 10 nov.
  • 4 min de lecture

🚄 Le transport combiné rail-route a connu une reprise notable en 2024, après une année 2023 difficile marquée par des défis majeurs. Cette remontée repose sur des choix économiques, environnementaux et des efforts d'adaptation des acteurs du secteur, bien que des obstacles persistent.


Une reprise encourageante en 2024

Après une année 2023 marquée par de fortes difficultés, le transport combiné rail-route a connu une reprise notable en 2024, avec une croissance estimée à +9,9 % du volume de marchandises (GNTC : Guide du Transport Combiné 2025). Cette remontée repose sur des choix économiques et environnementaux forts, ainsi que sur la capacité d’adaptation des acteurs du secteur, malgré des obstacles persistants.


Les causes de la reprise

Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique positive. Tout d’abord; les aides publiques renforcées. Un dispositif de soutien financier a été mis en place pour la période 2024-2028, avec un budget annuel de 47 millions d’euros. Ces aides, à hauteur de 27 € par manutention éligible, (Ministère de la Transition écologique : Transport combiné) visent à compenser les surcoûts liés aux transbordements et à rendre le transport combiné plus compétitif face au tout-routier. Nous pourrions également évoquer une relance économique post-Covid, car après cette crise sanitaire et les perturbations de 2023 (guerre en Ukraine, qualité de service dégradée), la reprise économique générale a favorisé un regain d’activité logistique. Mais ce n’est pas tout, une certaine adaptation des acteurs telles que les coopérations accrues entre opérateurs ferroviaires, ports, transporteurs routiers et SNCF Réseau ont aussi permis d’améliorer l’offre de services. Cette dynamique traduit un effort collectif pour rendre le rail plus fiable et attractif, même si des défis demeurent. Finalement, ces reprises ont été favorisées par des facteurs environnementaux et politiques en impliquant la transition écologique et la stratégie nationale de report modal constituent un moteur essentiel de cette reprise.


Cependant, il est indéniable que des obstacles persistent malgré cette reprise dans le domaine du transport combiné et celui-ci continue de faire face à plusieurs freins structurels. 


Le transport combiné fait face à des infrastructures vieillissantes avec un réseau ferroviaire français souffrant d’un manque de modernisation entre le matériel roulant âgé (plus de 25 ans en moyenne), le réseau partiellement obsolète, le faible déploiement du système européen d’interopérabilité (ERTMS), et l’absence de solutions de contournement en cas d’incidents majeurs (ex. : l’effondrement du tunnel de la vallée de la Maurienne). Ensuite, les terminaux intermodaux, connus pour être souvent saturés ou inadaptés, freinent la fluidité des flux et comportent des opérations de manutention représentant près de 30 % du coût total de la chaîne intermodale (Timocom : Transport intermodal en France), limitant finalement sa compétitivité. 


D’autres freins interviennent dans la boucle du transport combiné, notamment le taux de fiabilité du combiné ferroviaire, qui reste faible (65 % contre 95 % pour la route - Le Nouvel Économiste). La priorité est donnée au trafic des voyageurs, les travaux nocturnes et les pannes, ce qui entraîne des retards et annulations, réduisant inévitablement l’attractivité du rail, notamment sur les courtes distances. Le transport combiné connaît une hausse, plus précisément dans les coûts de modernisation du réseau et du matériel qui demeurent élevés. En effet, le secteur exige une forte expertise et reste difficile d’accès pour de nouveaux entrants, tout comme la concurrence de la route, qui malgré les ambitions écologiques, 89 % du transport de marchandises en France reste assuré par la route (donnée 2023 - Ministère Aménagement du territoire Transition écologique).


La politique publique demeure ambivalente, soutenant à la fois le rail et le développement des véhicules routiers zéro émission. La compétitivité du rail-route reste freinée par l’ancienneté des infrastructures, les goulots d’étranglement logistiques, une fiabilité qui reste à améliorer et une concurrence routière toujours dominante.


Perspectives 2025-2030 : entre ambition et incertitudes. 

Cette perspective à court terme reste un objectif national ambitieux. En effet, la France vise à doubler la part du fret ferroviaire d’ici 2030, pour passer de 9 % à 18 % (Ministère Aménagement du territoire Transition écologique). Cette ambition s’inscrit dans le cadre de la loi Climat et Résilience, de la stratégie Nationales Bas Carbone (SNBC) et la Stratégie Nationale Portuaire. Pour cela, une hausse des investissements publics et privés dans les infrastructures ferroviaires et logistiques devraient être développés pour leur modernisation, avec des scénarios optimistes reposant sur des investissements massifs dans les infrastructures et terminaux, une meilleure fiabilité du réseau, une réduction du dernier kilomètre routier, mais encore la réactivation de sites ferroviaires sous-utilisés. Ces leviers doivent permettre de renforcer l’intermodalité et de soutenir la croissance des flux logistiques. En effet, un scénario optimiste repose sur une interconnexion accrue entre rail, route et ports, avec notamment le développement de l’offre multimodale, facilitant le report modal de la route vers le rail grâce à une meilleure fiabilité et fréquence des services. L’une des déclinaisons directes serait la réduction du “dernier kilomètre routier” grâce à une proximité des plateformes combinées et à une émergence de solutions innovantes dans l’acheminement urbain.


Enfin, des innovations sont pensées afin de moderniser ces infrastructures, notamment dans la digitalisation des flux, la gestion intelligente des sillons et la coopération entre acteurs logistiques. Ces critères pourraient devenir des leviers majeurs pour renforcer la compétitivité du combiné rail-route. L’avenir du transport combiné dépendra de la capacité collective à moderniser les infrastructures, à stabiliser les politiques publiques et à innover dans la gestion logistique.


Finalement, le rail-route a retrouvé son élan, il s’agit désormais de le maintenir sur la bonne voie, voire d’obtenir une labellisation du Report Modal. 


Sources

ree

 
 
 

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